Le nom Chartreuse

 
Récemment, un visiteur de notre blog a posé la question de savoir pourquoi un fort portait le nom d’un couvent. Voici la réponse…

En réalité, à partir du XIIIème siècle, il y eut bien un couvent, d’abord occupé par les prémontrés entre 1124 et 1288, puis par les pères Chartreux à partir de 1357, et ce jusqu’à la révolution française, avec quelques interruptions dues aux soubresauts de l’histoire. Mais ce couvent ne se trouvait pas à la place actuelle du domaine de la Chartreuse, mais bien un peu plus bas dans le thier de la Chartreuse. Son « centre » se trouvait dans ce qui fût jusqu’en 2004 la maison de repos des petites sœurs des pauvres. Ceux qui ne connaissent pas bien l’endroit, pourront retrouver l’emplacement sur google earth (que je vous conseille vivement si vous ne le connaissez pas, tapez « google earth » sur Google, c’est un outil extraordinaire qui de plus possède l’avantage d’être gratuit pour sa version de base) aux coordonnées 50°38’03.41’’ N, 5°35’39.49’’ E.Vu sa position stratégique pour l’époque, le couvent a été fortifié par les moines chartreux, mais aussi par les diverses armées d’invasion que la région liégeoise a vu défiler sur son territoire.Toujours est-il qu’entre la révolution française et 1814, année de la défaite de Napoléon à Waterloo, cette position était tenue par les français et connue dans la région sous le nom de « fort de la Chartreuse ».EN 1817, lors de notre passage sous domination hollandaise, Guillaume d’Orange a demandé les conseils d’un militaire spécialisé dans les fortifications, à savoir le duc de Wellington. Celui-ci a visité la position de Liège et a conclu que si la Citadelle de Liège était réutilisable, il n’en était pas de même pour la Chartreuse. En effet, les vestiges des fortifications de toutes époques se composaient de murs et de levées de terres épars et sans aucune structure logique.Il préconisa donc de construire un nouveau fort, un peu plus haut, sur le hameau de Péville. Les coordonnées de son « centre » sont 50°35’53.26’’N, 5°35’53.26’’E.Ce nouveau fort, construit entre 1818 et 1823, a nécessité l’expropriation du hameau de Péville. Logiquement, ce fort eut donc pu s’appeler « Fort de Péville ». Or, il n’en fut rien et le fort en question garda, y compris sur les plans hollandais, le nom populaire de « Fort de la Chartreuse » alors qu’il n’avait plus rien à voir avec les moines chartreux. Et ce nom a perduré jusqu’à nos jours, donnant ledit nom au quartier voisin.
Le « Fort de la Chartreuse » tel que nous le connaissons, n’a plus donc plus rien à voir avec une quelconque occupation religieuse. L’ensemble des bâtiments date de 1818 et plus tard, à l’exception du BM22, la Maison LAMBINON, dont il est question sur notre blog, qui elle, faisait partie du hameau de Péville mais qui n’a pas été démolie pour la construction du nouveau fort. La typologie actuelle est donc bien purement militaire et n’a rien de religieux.

L’ASBL la Chartreuse a édité un ouvrage, « Le hameau de Péville », écrit par Jacques LIENARD, qui retrace l’histoire du lieu du Xème siècle à 1818. Vous pouvez vous le procurer au prix de 15 €.


Pierre Michaux