Les puits de la Chartreuse
Si beaucoup de monde connait le puits de la cour du réduit, peu de monde connait son origine ainsi que l’emplacement des autres puits dans le domaine.
Le puits de l’auberge Rodberg (puits du réduit)
Le puits de la cour du réduit était à l’origine celui d’une auberge qui se trouvait sur la route de Liège vers Aix-La-Chapelle via le duché de Limbourg, au-dessus du thier de la Chartreuse. Il s’agissait de l’auberge Rodberg. Cette auberge était parfaitement située, car au-dessus dudit thier de la Chartreuse, elle permettait aux voyageurs qui quittaient Liège de se désaltérer, de se restaurer et de faire de même avec leurs chevaux qu’il fallait abreuver et nourrir avant de monter vers Fléron puis l’Allemagne. Rappelons qu’avant l’invention de l’automobile, donc des stations-service, c’étaient des animaux qui assuraient le transport des gens et des marchandises et que c’étaient eux qu’il fallait nourrir régulièrement.
Lorsque la construction du nouveau fort a été décidée, le hameau de Péville, dont l’auberge faisait partie, a été exproprié et démoli à l’exception de la maison du notaire Lambinon. Lorsque le notaire a dû la quitter, les ingénieurs s’y sont installés puis le premier commandant du fort a eu l’autorisation de s’y installer à condition de la faire démolir en cas de conflit. Cette maison existe toujours, mais est à l’état de ruine complète. Elle fera l’objet d’un autre article.
Le puits de l’auberge a donc été conservé par l’armée hollandaise puis par l’armée belge pour alimenter le fort. Il était surmonté d’un petit bâtiment appelé BM14 par l’armée belge. Le puits a un diamètre moyen d’environ 1,5 m (un peu plus étroit à la margelle) et une profondeur que nous ne connaissons pas, car l’armée belge l’a rebouché pour une raison que nous ignorons, vraisemblablement dans les années 50 ou 60, peut-être avant. Sa profondeur actuelle est de 16 m environ. À environ 12 m, une galerie plus ou moins sèche d’une hauteur d’environ 1 m part en pente douce montante vers l’intérieur de BM9. Il en sera question plus tard dans cet article.
À environ 14 m, subsiste la plaque sur laquelle se trouvait une pompe à eau électrique. À l’origine, c’était bien sûr un système manuel qui permettait de tirer de l’eau.
À environ 16 m, le puits s’arrête et il y a de l’eau au fond. Il descend probablement plus bas, mais il serait utile de terminer de le vider.
Il est parfaitement envisageable que ce puits rejoigne l’areine des chartreux, mais sans l’avoir exploré plus bas, nous n’en savons rien.
À part la margelle supérieure en pierre et les premiers mètres en briques, l’ensemble du puits est taillé en pleine roche.
Le puits de BM9
Dans BM9, le bâtiment central du réduit, il existe un puits qui descend à une profondeur de 10m environ pour rejoindre la galerie relativement sèche qui vient du puits de la cour du réduit. Ce puits n’a pas été équipé de système de pompage. Certains prétendent que ce puits et celui de la cour du réduit permettaient de faire sortir ou renter un homme porteur d’un courrier ou d’évacuer le fort en cas de prise de celui-ci, mais ce dernier usage parait peu réaliste. De plus, tant que nous n’aurons pas retrouvé d’accès vers l’areine des chartreux, nous ne pourrons pas l’affirmer.
Signalons que d’aucuns prétendent qu’il existe un tunnel qui relie la Chartreuse et la Citadelle de Liège. Mettons ici les choses au point, à l’époque où ce tunnel aurait été construit, il n’existait pas de moyens pour pomper l’eau qui n’aurait pas manqué de remplir ce tunnel. L’existence de ce tunnel relève donc de la vaste fumisterie.
Le puits de BM22 (maison Lambinon)
À une époque où les réseaux de distribution d’eau n’existaient pas, chaque maison ou groupe de maisons isolé devait avoir son propre puits. C’était bien sûr le cas de l’auberge dont nous venons de parler, mais aussi celui de la maison du notaire Lambinon.
Pendant les quinze ans où l’ASBL « La Chartreuse » a eu une concession dans le fort, nous n’avons jamais réellement essayé de retrouver ce puits. Nous sommes donc incapables de dire si celui-ci communiquait avec l’areine des chartreux.
Le puits du rempart
Dans le rempart du corps de place, près de BM20 (caserne de 1939), se trouve un puits d’une dizaine de mètres de profondeur qui donne de l’eau propre. Nous ne sommes jamais descendus dans ce puits, mais nous en avons déjà tiré de l’eau claire. Il se trouve au fond d’un petit tunnel (10m sur 1,9m de haut et 1m de largeur) et mesure environ 1m de diamètre. Il est taillé en pleine roche tandis que le tunnel d’accès est en briques. Il n’a aucune communication avec l’areine des chartreux, car aucun tunnel n’en part.
Ce puits avait été fermé par une grille dans les années 90, mais quelqu’un a coupé cette grille depuis.
Notons que selon plusieurs archives auxquelles nous avons eu accès, il aurait aussi existé un puits près de BM32 (forge) (voir l’article « Le fort de La Chartreuse, du déclassement à l’abandon (2) dans cette section) qui aurait été comblé. Nous ne savons absolument pas s’il communiquait avec l’areine des chartreux.
La citerne de BM40 (« vieille ferme »)
Cette citerne n’était bien sûr pas un puits, mais était alimentée par les eaux pluviales de BM40 (parfois erronément appelé « vieille ferme » ou « ferme des chartreux »). Elle n’était plus alimentée par BM40 et encore moins depuis que le bâtiment a été démoli par la ville de Liège en 2019.
L’areine des chartreux
Nous n’évoquerons pas l’endroit où débouche cette areine et n’en publierons pas de photos pour ne pas que le propriétaire de l’endroit soit importuné.
L’areine des chartreux a été percée en pente douce à flanc de colline et rejoint vraisemblablement le puits de l’auberge Rodberg dont il est question ci-dessus. Elle mesure environ 1m de haut sur 0,6m de large. Il existait des branches à gauche et à droite de l’areine principale, mais elles ont été détruites au fil des ans. L’areine principale est elle aussi bouchée à environ 200m et nous n’en connaissons pas la cause.
Une équipe de membres de l’ASBL La Chartreuse avait vidé le puits de la cour du réduit en 1986 jusqu’à sa profondeur actuelle et en 2021, une équipe de spéléologues y est redescendue.
Il serait intéressant de recréer l’accès du puits vers l’areine mais pour le moment, ce n’est vraiment pas une priorité.
Référence: La Chartreuse, R. Meijers, édité par le CLHAM, 1989
Pierre Michaux
1690-1817 – Hameau de Péville: Histoire de la Chartreuse
L’ASBL La Chartreuse a publié en 1991 ce fort intéressant ouvrage de Jacques Liénard. Comme le titre le précise bien, il place ses lunettes d’historien jusqu’à l’aube de la construction du Fort de la Chartreuse.
En 86 pages et 19 plans ou autres documents historiques, l’auteur nous présente successivement le Real chemin, la route reliant depuis des temps immémoriaux Liège à Aix-la-Chapelle, le hameau de Péville avant l’occupation française, puis jusqu’au début de la construction du Fort et la période des expropriations. Trois chapitres sont ensuite consacrés aux propriétaires expropriés, dont deux traitant des biens de la famille Lambinon.
En 1817, le hameau se compose de dix-sept maisons, sans compter trois granges, un fournil et une forge. Il n’a donc pas beaucoup grandi depuis la fin du siècle précédent, mais on peut s’imaginer que, sans la construction de la forteresse, le développement en ligne autour de la grand-route, mode classique de croissance des faubourgs liégeois, se serait accéléré pendant le 19e siècle comme cela s’est fait notamment à Beyne et à Fléron.
Au début du régime hollandais, le plateau de Péville ne présente donc encore qu’un caractère champêtre: jardins, prairies, champs et vergers se le partagent, tandis que, sur les pentes orientées au midi, on cultive toujours la vigne. A la fin de l’Ancien Régime, le vignoble des Chartreux produisant bon an mal an 40 aymes de vin, soit 6.150 litres. Extrait de l’ouvrage de J. Liénard, page 34 |
L’ASBL dispose encore d’une série d’exemplaires de ce livret au format 160×240 mm et imprimé sur papier Royal mat K.N.P.
Pour le 30ème anniversaire de l’édition, le livre sera vendu dorénavant à 10 €. Il sera en vente à l’arvô lorsque le bâtiment sera rouvert le samedi au printemps prochain. Il peut être commandé au siège social (monique.snyers@lachartreuse.org) ou chez un administrateur (voir L’équipe). Frais de port : 4€.
Le classement de l’areine de la Chartreuse
C’est en juillet 2020 que la procédure de classement a été lancée. Le classement de l’areine de la Chartreuse comme monument comprend la galerie principale et les ouvrages accessoires. Un périmètre de protection en surface est classé comme site afin de préserver l’ensemble.
La galerie principale fut fort probablement creusée par les chartreux dès leur occupation du site au XIVème siècle pour leur alimentation en eau potable.
L’arvô, classé comme monument le 5 juin 1981, est compris dans le périmètre du site classé ainsi que son chemin d’accès. Pour rappel, ce chemin d’accès fut détruit en janvier 2009 mais la Ville de Liège, responsable de cette situation, n’a toujours rien réparé onze ans plus tard. (voir notre article « Dix ans ! » du 29 mars 2019).
Télécharger le document.
Pour plus d’informations, voir l’article de Vincent Gerber « Une source de Chartreuse à Liège » publié sur Regards 82.
Monique Snyers
Ouverture de l’arvô – Saison 2021
Chers amis,
Dans le cadre du début de retour à la vie de notre pays, le Comité de Concertation permet maintenant de rouvrir certains lieux dont notre arvô du thier de La Chartreuse.
A partir du 8 mai 2021, nous ouvrirons donc l’arvô le samedi à partir de 14h, pour autant que les conditions climatiques le permettent et vous y êtes les bienvenus.
Nous vous invitons à vérifier sur notre page Facebook si l’ouverture est confirmée ou non.
Pierre Michaux.